La France en l'An 11

Cette fois le Chaos est derrière nous

Faire Société Autrement

Étions-nous conditionnés par les vieilles notions sapiens d’ordre fondé sur la hiérarchie et la coercition ? Il nous a fallu plusieurs années pour prendre conscience que nous avions trouvé spontanément d’autres moyens d’établir l’ordre public, de garantir la sécurité, un autre équilibre.

Bien sûr, il reste des tempéraments anxieux ou vulnérables qui veulent être accompagnés d’un vieux Jeanson ou d’un récent MMR protection rapprochée, et tout le monde n’a pas déposé les armes. Mais une façon plus populaire de se défendre contre les agressions en ville est de s’enregistrer sur l’appli des Citoyens responsables « Vigilants ensemble ». Il suffit alors d’envoyer un signal de détresse pour que les inscrits les plus proches convergent vers vous pour faire fuir l’agresseur. Police-secours de jadis arrivait bien moins vite. Sans compter que de plus en plus, les autres passants ne se contentent pas de rester des témoins passifs : ils ne délèguent plus le maintien de l’ordre à un tiers, même si la police effective peut être une force d’appoint utile ; ils se savent tous concernés.

Cela revient à appliquer à la sécurité ce qui s’applique déjà dans tant d’autres domaines de la vie. Il n’y a plus de tribunaux, mais on fait appel à des médiateurs bénévoles pour régler les conflits, souvent à la satisfaction des deux parties. Plus de droit du travail, mais employeurs et employés se notent mutuellement, et une mauvaise réputation est vite établie. Comme le dit Ambroisie Anne-Alouette (Triple A, pour ses followers) nous sommes devenus des citoyens sans État, qui savent tout de même être citoyens. Ou plutôt, qui le savent mieux que jamais.

Paris sera toujours Paris

« Mon pari pour Paris », dit Guy Marcheur : comme il semblait impossible en l’an 4, confronté au slogan d’alors « Il faut être fou pour vivre en ville » ! Faut-il rappeler que l’exode urbain battait son plein et que l’immobilier n’avait plus de valeur : les derniers citadins squattaient des logements désertés ? Eh bien, le pari est gagné ! Non seulement Paris se reremplit depuis l’an 7, mais les bobos revenus acceptent de payer des loyers contre des conditions de confort et de sécurité assurées dans les appartements rénovés, auxquels les façades bariolées et peinturlurées confèrent un cachet original.

Si le street art est partout, les restos et les bars rouvrent. Il y a des petits théâtres à tous les coins de rue, des musiciens ambulants sur toutes les places et dans tous les kiosques, des boîtes de nuit enfumées dans les caves ou les catacombes. Nous pouvons le jurer sur les moustaches de la Joconde : Paris sera toujours Paris.

Quelques Brèves

À quatre jours de la journée de la femme, les Bacchantes vous donnent rendez-vous dans l’Ile de la cité, devant la statue du Vert-Galant, pour une cérémonie inédite et jouissive de désacralisation du patriarcat. Affaire à suivre.

La rumeur affirme que Nasung aurait enfin livré à Daniel Goujon l’armée de robots qu’il attendait depuis si longtemps. Dans la série « Mieux vaut tard que jamais »…

Izimède Formi,le textile impérial

L’industrie textile renaît de ses cendres en se réinventant depuis que Nasung s’est mis à fabriquer les imprimantes 3D Izimèdes Formi, livrées par Myzon avec leur cabine de mensuration. Désormais, vous pouvez créer vous-même vos vêtements, exactement faits pour vous, en choisissant votre option, « ajusté », « ample » ou « flatteur », évidemment votre style et vos couleurs, aussi personnalisés que vous le souhaitez. Quant au matériau, vous pouvez opter entre le modèle basique à deux bobines, coton et synthétique, et divers autres plus sophistiqués, comprenant le lin, la soie, la laine, imperméabilisés ou non ; le principe est toujours de doser vous-même les composants qui entrent dans l’impression. Le kit de l’izimède comprend enfin la cuve de recycle-up dans laquelle vous fourrez vos vêtements usagés pour en tirer la recharge automatique de vos bobines, avec une déperdition réduite à 30 % de la matière initiale.

Les Izimèdes Formi sont fabriqués en France ainsi que le recycle-up, produit de notre industrie chimique, ou que les bobines de synthétique composées par un procédé inédit à partir des microplastiques récoltés dans l’environnement.

 

Le point sur la mutation

Jadis, c’est par hasard qu’Omasanty, un fabricant de pesticides et de graines génétiquement modifié, en se lançant dans l’agro-alimentaire, a déclenché une épidémie d’indocilité. Notre grand neurochimiste, le Pr Nyme, a montré que les Omasanty se combinaient avec un perturbateur endocrinien présent dans l’environnement et provoquaient la sécrétion par l’organisme de xéno-sérotonine, un neurotransmetteur modifié qui régule définitivement les humeurs des libers. À partir de l’analyse de cette mutation accidentelle, des chimistes ont mis au point la mixture qui fait muter à coup sûr, disponible en comprimés sur Myzon. Précisons que prendre celle-ci est une décision irréversible et un moment grave qui doit être accompagné, en particulier pour les adultes : il faut du calme, de la sérénité, du soutien affectif.

Puis, les généticiens se sont mis de la partie. Ce qui rend possible aux organismes humains de basculer de la simple sérotonine à la xéno-sérotonine est un gène mutant héréditaire à caractère dominant. Nous sommes donc tous des homo sapiens libers, avec ou sans métamorphose due à la mixture, tous potentiellement indociles.

 

Ce qui se passe Ailleurs...

À Jérusalem, les robots de l’Unesco font enfin régner la paix dans les lieux saints, prenant soldats israéliens et combattants palestiniens par le collet pour les envoyer s’entretuer plus loin, là où il n’y a pas de patrimoine historique à préserver.

Une libertarienne, Maria-Dolores Rodrigo, devient première ministre de Catalogne.